À Gauche Toute !

Samedi 22 février, élection de Miss Pic Saint Loup à Saint-Gély-du-Fesc :

« Une femme a bien d’autres arguments… »  ou  « Halte au sexisme ordinaire ! »

Une fois encore, nous aurons à Saint-Gély le triste privilège d’accueillir un concours dégradant et obsolète : l’élection de miss Pic Saint Loup ! Après les expositions de bétail (poules, pigeons, moutons, lapins…) c’est le tour des femmes ! Et pour bien formater les esprits de nos jeunes concitoyen-ne-s, un tarif réduit leur est accordé ! Ce qui est révoltant et dangereux, c’est le fait d’imposer aux filles, dès leur plus jeune âge, des modèles de l’extérieur qui ne correspondent à aucun ressenti. On en fait des poupées et on leur communique très tôt l’idée qu’il y a un problème avec leur corps et qu’il faut qu’elles l’arrangent. On leur donne déjà l’obsession de la minceur ou de la peau lisse. On les éduque à être toujours obsédées par ce qu’on pense d’elles, par ce qu’on pense de leur personne réduite à leur apparence. Cette obsession du corps maintient les femmes dans une insécurité permanente : elles sont toujours soucieuses de paraître à leur avantage. C’est comme du dressage pour qu’elles deviennent les marionnettes du regard des autres, et en particulier des hommes.

Au moment où les débats font rage pour essayer de sortir enfin des clichés, pour tenter d’obtenir (enfin) une véritable égalité des droits hommes/femmes, pour faire appliquer les rares lois allant dans ce sens : à travail égal/salaire égal, voilà que notre ville se fait une fois encore le théâtre de cette tradition rétrograde, datée, surannée.  Ce type de concours de beauté n'est en réalité qu'un avatar moderne de la domination patriarcale.

Il est difficile de s’attaquer à une « coutume » aussi populaire, nous dit-on… La femme, en particulier jeune et célibataire, doit être jugée sur sa beauté. On nous répète que l’attrait physique des femmes représente pour les hommes un critère majeur, et c’est à l’évidence une donnée  enracinée… Ces concours de beauté sont un exemple typique de détournement de ce genre de donnée vers une forme d’aliénation féminine particulièrement oppressante.

Il s’agit pour nous de se battre pour l’égalité des droits. L’Homme a toujours dominé la Femme depuis des temps séculaires. Étant donné que la Femme n’était pas instruite et financièrement indépendante, elle est restée le sexe opprimé. Sa valeur comme femme au foyer et mère n’était pas reconnue et a été soumise à la domination masculine. De là est né le concept de la femme/objet. Pour beaucoup, rien ne doit changer. C’est rassurant pour les conservateurs ! ! !

Il s’agit également pour nous de dénoncer la manière dont une femme est représentée lors d’un concours de beauté : pourquoi traiter les femmes comme des objets de divertissement ? On désigne les femmes comme un genre inférieur. Ces spectacles adhèrent aux principes obsolètes de la beauté superficielle. Il y a aujourd’hui une illusion totale sur ce qu’est réellement la beauté et la question de l’apparence prend une place complètement démesurée pour les femmes. Elles sont toujours ramenées à cela : quoi qu’elles fassent, elles seront toujours jugées sur leur physique. Et si celui-ci ne “passe” pas, rien d’autre ne passera.

La sexualisation du corps de la femme est déjà sans cesse véhiculée par les médias. La femme, réduite à sa dimension sexuelle, y est représentée comme une créature devant susciter le désir. Elle doit rentrer dans les « normes » (qui changent en fonction du lieu et du temps). Quelle que soit leur personnalité, les femmes sont perçues avant tout comme des corps conçus pour plaire et exciter. Devant se conformer constamment à des normes de beauté impossibles à atteindre, les dérives peuvent être graves : dépression, repli sur soi, anorexie…

Accepter de recevoir dans sa commune ce type de représentation rend complices les organisateurs de cet état de fait. Nous dénonçons avec fermeté ce type de manifestation et appelons nos concitoyen-ne-s à réfléchir avant de cautionner par leur présence le bien-fondé de la perpétuation de cette outrageante tradition.

« Le féminisme n’a jamais tué personne. Le machisme tue tous les jours » [Benoîte Groult]